L'empire où le soleil ne se couche jamais

L'empire où le soleil ne se couche jamais

Ce proverbe sert à désigner un pays dont les territoires sont répartis sur l’ensemble du globe de telle sorte qu’à n’importe quel moment de la journée au moins un des territoires n’est pas dans la nuit. L’aspect symbolique est très fort puisqu’il implique que le peuple et la culture de ce pays s’étend partout dans le monde.
La phrase posséda plusieurs propriétaires. Le concept initial se retrouve dans l’ancien testament, dans le conte de Sinouhé (20 siècles av JC) qui annonce que le roi égyptien « règne sur tout ce que le soleil étreint » ou encore dans des textes mésopotamiens. Puis, aux XVIème et XVIIème siècles elle servit à designer l’empire espagnol : «el imperio en el que nunca se pone el sol » selon un commentaire qu’aurait fait le prêtre Fray Francisco de Ulgade à l’empereur Charles V. Mais plus récemment, aux XIXèmes et XXèmes siècles, cette expression se référait à l’empire britannique : « The empire on which the sun never sets ».  C’est sous cette forme que cette expression est encore connue de nos jours.
A l’heure actuelle, les territoires espagnols se limitent uniquement aux Canaries pour la partie la plus occidentale et aux iles de Majorque et Minorque pour les points les plus orientaux. En revanche, nous verrons que l’empire britannique, bien qu’ayant perdu la majeure partie de ses colonies peut encore se targuer de pouvoir employer cet adage. Mais surtout et de manière surprenante, nous constaterons que cet attribut est en fait bien mieux adapté aux territoires possédés par la France à travers le monde.

L'empire britannique


Concernant les territoires britanniques, restes des différentes périodes de colonisation, ils sont au nombre de quatorze, principalement dans l’océan atlantique. Les territoires les plus « utiles » afin de réussir à ne pas avoir de couchers de soleil sont les îles Pitcairn (qui abritent les descendants des marins de la Bounty. Dont la population actuelle se compose d’une soixantaine de personnes) et le territoire britannique de l’Océan indien (qui compte environ 4000 habitants principalement des militaires, qui occupent un des atolls les plus méridional de l’archipel). Il en est de même pour Akrotiri qui n’est qu’une base militaire située au sud de l’île de Chypre. Le territoire antarctique britannique n’est pas comptabilisé puisqu’il ne possède pas de population permanente, uniquement des scientifiques. Enfin, les différents états membre du Commonwealth (Canada, Australie…) ne sont pas non plus comptabilisés car bien qu’étant sous le contrôle de la Reine d’Angleterre, ils disposent de leur propre autonomie. Enfin, il n’est pas nécessaire de préciser que les différentes ambassades réparties dans le monde (et qui sont techniquement des territoires britanniques) ne sont pas non plus incluses dans cette analyses.
En revanche, les îles malouines sont quant à elles bien comptabilisées même si leur appartenance au royaume britannique est toujours sujet à controverse.
 
Merci Wikipedia

Méthode de calcul :

Pour obtenir les résultats il suffit de :
1- Récupérer les coordonnées GPS de la capitale de chaque territoire (avec la table world.cities du package R "maps")
2- Calculer les heures de lever et de coucher de soleil (en fonction de l'heure de Paris) pour chacune de ces coordonnées grâce à la fonction sunrise.set du package R "StreamMetabolism"

En calculant les heures de lever et de coucher de soleil sur ces territoires il est possible de constater qu’effectivement, le soleil ne se couche réellement jamais sur les territoires britanniques puisque l’île de Pitcairn permet d’avoir toujours au moins un territoire dans lequel le jour est levé.
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Le graphique ci-dessus est un calcul des heures de lever et de coucher de soleil en ce mois de septembre. On y constate qu’à partir de 1h du matin (heure française), le nombre de territoires encore illuminés décroît fortement lorsque la nuit finit par tomber sur les Antilles. Le jour est encore présent sur le Pacifique mais il ne subsiste alors plus que l’îlot de Pitcairn qui puisse assurer que le flambeau du royaume anglais ne s’éteigne pas.
Nous avons vu qu’en ces jours, la superposition des heures d’ensoleillement s’effectue sans interruption. Cependant, il est certain qu’il existe un impact des saisons sur les durées locales d'ensoleillement. En effet, les jours raccourcissent ou se rallongent en fonction des saisons et des hémisphères. Plus court en hiver qu’en été dans l’hémisphère nord et inversement dans l’hémisphère sud. Malgré tout, bien que les durées des jours puissent varier de plusieurs heures, leur impact final reste limité. En regardant le nombre de territoires pour lesquels les jours sont levés (aux dates des solstices et d’équinoxes), on constate quelques décalages mais il subsiste toujours au moins un territoire éclairé (dans notre cas, il s’agit toujours de Pitcairn évidemment)
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Il est donc intéressant de noter que la souveraineté globale de l’empire de sa majesté ne doit son salut, une heure toutes les nuits, qu’à une soixantaine de descendants de mutins, vivant sur une île plus petite que les quatre premiers arrondissements de Paris réunis, perdue au milieu de l’immensité du Pacifique.

Les territoires français


On peut appliquer le même principe avec les territoires français d’outre-mer. Et de la même manière, on ne comptabilisera pas les terres australes et antarctiques françaises, appelées TAAF et qui regroupent les îles Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Nouvelle-Amsterdam et la terre Adélie) ni l’île de Clipperton qui ne sont composées elles-aussi que de bases scientifiques.

Re-merci Wikipedia

On constate dès la première observation que la répartition est plus uniforme dans les différents océans et qu’il sera donc certainement plus aisé d’avoir plusieurs territoires sur lesquels il fait jour au même moment.
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Quand le soleil se lève sur la France, il est déjà levé à Mayotte et la Réunion (qui sont légèrement plus à l’est) et il se couche à peu près aux mêmes moments en Polynésie française et quelques heures plus tard à Wallis et Futuna et en Nouvelle Calédonie (vers 9h du matin). Suivent ensuite les territoires des Antilles et la Guyane où le soleil se lève vers 12h heure française. A n’importe quel moment de l’année au moins trois territoires sont ensoleillés. 
On est large


Autres pays

Les États-Unis


Pour les Etats-Unis, la situation est plus simple. En comptabilisant les territoires dits « non incorporés et organisés » (ce qui signifie qu’ils ne disposent pas de sénateurs ni de députés mais qu’ils dépendent néanmoins de la constitution américaine). Ils sont au nombre de quatre (L’île de Guam, les îles Mariannes du nord, Porto Rico et les îles vierges américaines). On constate rapidement qu’il y a un « trou » (et ce quel que soit la période de l’année) dû à l’absence de territoires américains dans l’Atlantique-est et en Europe. (Il est à noter que la situation reste identique en ajoutant en plus les territoires non incorporés et non organisés).

Ca ne passe pas

Les pays-Bas et le Portugal

Pas besoin de trop s'embêter avec ceux-là, les territoires hollandais sont uniquement concentrés dans les Caraïbes, les territoires portugais ont disparus avec la rétrocession de Macao en 1999.

Les prenoms unisexes (ou pas)


Les prénoms unisexes mais pas trop


On connait les prénoms qui peuvent être donnés indépendamment aux garçons et aux filles sans que cela ne choque trop (on pensera au classique "Dominique"), la règle étant que le prénom s'écrive de la même façon (exit donc la comparaison Pascale / Pascal).

Il peut être intéressant de regarder l'ensemble des prénoms qui ont été donnés aux deux sexes. Pour ce faire, on utilisera à nouveau les données de l'INSEE qui liste pour chaque année le nombre de fois où chaque prénom a été donné en France pour chacun des sexes année par année depuis 1900 (à condition que celui-ci ne soit pas trop rare : ie au moins donné 3 fois) 

Il y a alors deux choses à regarder pour ces prénoms : leur fréquence totale et le ratio du nombre de fois où ce prénom a été donné à un garçon par rapport au nombre de fois où il a été donné à une fille. Dans le meilleur des cas, ce ratio est de 1 (c'est a dire qu'il y a autant de garçons que de filles qui portent ce prénom). On peut considérer que jusqu’à un ratio de 5 ou 6 on reste dans des rapports raisonnables (cela veut dire qu'il y a 5 à 6 fois plus de garçons qui portent ce prénom que de filles - ou l'inverse). Le prénom peut encore être considéré comme unisexe (c'est à dire qu'on entend régulièrement les deux versions de ce prénom.)

En ce limitant aux comptage des prénoms donnés depuis 2000 (donc récents afin de réduire les contestations sur les changements de mode), le top des prénoms avec un bon ratio (inférieur à 6) et un nombre important d’occurrences (prénom donné au moins 4000 fois) est :


Prénom    Nb Garçons    Nb Filles    Ratio
Alix 3373 11983 3.6
Andréa 3447 11677 3.4
Angel 3558 720 4.9
Charlie 6173 6934 1.1
Eden 10903 8325 1.3
Jessy 3972 839 4.7
Loan 9958 1878 5.3
Loïs 4521 2058 2.2
Louison 3335 3967 1.2
Mae 1766 2726 1.5
Mahé 5895 1008 5.8
Noa 27903 4788 5.8
Sasha 7548 5734 1.3
Swann 3226 1446 2.2


Donc là c'est quand les choses se passent bien, mais il est possible que les ratios soient beaucoup plus élevés, cela signifie que les prénoms sont quasiment exclusivement donnés à des personnes d'un sexe et pas aux autres. Il faut noter que la précision du calcul de ces ratio est moins fiable car l'INSEE ne comptabilise pas les années où le prénom a été donné moins de 3 fois. Ainsi il n'est pas rare de voir un prénom donné 3 fois une année et ne pas être comptabilisé les autres années (alors qu'il est peut-être apparu une ou deux fois). Cela biaise un peu les résultats.

On peut néanmoins présenter dans un tableau les prénoms avec un ratio (estimé) supérieur a 1000 (cela veut dire qu'il y a 1000 fois plus de garçons qui portent ce prénom que de fille, ou inversement.) et des prénoms donnés plus de 20000 fois depuis l'an 2000.

Le tableau se lit de la manière suivante : Entre 2000 et 2017, il y a eu 52000 garçons qui ont été nommés Adam et 48 filles qu'on a appelé Adam. Il y a donc 1096 fois plus de "Adam"-garçons que de "Adam"-fille. Pour les Ambre, il faut prendre le résultat avec plus de pincettes car il semble seulement y avoir 3 Ambre depuis 2000 mais peut-être qu'il y en a eu d'autres années mais passant sous le seuil des 3 et donc non-comptabilisés.



Prénom    Nb Garçons    Nb Filles    Ratio
Adam 52627 48 1096
Ambre 3 36036 12012
Elise 19 25218 1327
Enzo 99856 7 14265
Gabriel 69733 9 7748
Inès 13 68176 5244
Léa 5 104370 20874
Léo 71527 18 3973
Lilou 11 41053 3732
Louane 20 22303 1115
Maelys 7 25684 3669
Marie 3 50295 16765
Marion 12 21980 1831
Mathilde 3 43943 14647
Mohamed 38144 3 12714
Morgane 21 22356 1064
Nolan 41165 6 6860
Rayan 321137 12 2678
Sarah 7 70655 10093
Yanis 50228 4 12557
Zoé 20 45938 2296


En regardant les statistiques depuis 1900 on trouve le même genre de résultats, 202 Roger, 186 Henri, 162 Louis, 144 Jacques, 132 David ou encore 118 Christophe chez les filles par exemple. Et pour les garçons on a 120 Sylvie, 117 Nathalie, 102 Suzanne, 94 Germaine... la liste est longue avec 157 prénoms vus plus de 10000 fois depuis 1900 et avec un ratio supérieur a 1000.


Les prénoms qui changent de sexe


Une autre information amusante a regarder et celle de l'évolution de l'attribution de certains prénoms  au fil du temps. Nous revenons alors aux données depuis 1900 et ne gardons que les prénoms donnés assez fréquemment (au moins 500 fois à chaque sexe). Il est alors possible de représenter graphiquement l’évolution de la proportion de fille et de garçons à qui ces prénoms ont été attribués. (J'ai subtilisé cette jolie représentation en log en base 2 à Baptiste Coulmont @coulmont que j'ai agrémenté à ma sauce)

Les 12 graphiques suivants se lisent tous de la même manière. En abscisse les années. Celles-ci ne s'étalent pas forcement toutes de 1900 à 2017, un filtre a été appliqué pour ne conserver que les périodes où ces noms ont été donnés à des garçons et des filles.
En ordonnée la proportion de garçons ou de filles a qui ce prénom a été attribué. Chaque année est représentée par un nombre (qui correspond au nombre d'enfant né cette année-là et portant ce prénom - garçons et filles confondues, mais la position du point correspond à la proportion garçon/fille. Ces valeurs ce lisent sur la gauche du graphique. On peut lire par exemple, "4 fois plus de garçons que de filles portent ce prénom". Les valeurs proches de la ligne horizontale noire indique qu'il y a autant de garçons que d filles qui portent ce prénom (il est donc parfaitement unisexe). Si les valeurs son en dessous (dans la zone rose) cela signifie que ce prénom a plutôt été porté par des filles, si la valeur est dans la zone bleue cela signifie que ce prénom est plutôt porté par les garçons.
J'ai aussi ajouté les intervalles de confiance de ces valeurs (ce qui est intéressant surtout pour les effectifs faibles) ainsi qu'une courbe orange qui montre la tendance générale.

Les 12 prénoms avec les résultats les plus intéressants sont donc :

ALIX : Prénom actuellement plutôt féminin (4 fois plus de filles que de garçons qui s’appellent Alix) sauf durant une période entre 1930 et 1960 où le rapport était plus équilibré
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CAMILLE : Prénom extrêmement fréquent (donné plusieurs milliers de fois par an depuis les années 80) qui était plutôt masculin jusqu'en 1960 (ou 2 Camille sur 3 étaient des garçons) mais qui est devenu extrêmement féminin dans les années 2000 (où il y avait 20 fois plus de Camille-fille que de Camille-garçon). Cette tendance semble retourner vers la moyenne (affaire à suivre)
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CHARLIE : Prénom anciennement très masculin dans les années 80-90. Depuis 2000 il est devenu plus féminin. 
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CLARENCE : Prénom qui, en 1985 était plutôt donné à des filles mais est devenu plus masculin actuellement. Les effectifs sont malgré tout très faibles (moins de 100 Clarence par an, très loin des 4000 Camille par an)

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DANY : Prénom plutôt rare jusque dans les années 40 (moins de 100 par an), on constate une forte augmentation dans les années 50 (600 par an) et depuis les années 60 ce prénom devient plutôt masculin et la tendance va en s'accentuant avec désormais 20 fois plus de garçons que de filles.
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DOMINIQUE : Prénom relativement fréquent et très masculin jusque dans les années 40 (500 par an) il a ensuite explosé dans les années 50-60 avec plus de 20000 enfant portant ce prénom et une répartition proche des 50/50 entre les garçons et les filles. Il est depuis retourné dans un certain anonymat et est désormais de nouveau porté principalement par des garçons. 
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EDEN: Prénom dont le nombre d’occurrence augmente fortement et qui se "masculinise" depuis 2010.
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JACKIE : Prénom anciennement masculin dans les années 30 et qui est devenue plus féminin dans les années 60 (peut-être un effet Jackie Kennedy - ou Jackie Sardou, c'est au choix) mais avec une fréquence d'apparition très faible. 
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JOAN : Prénom anciennement unisexe et désormais masculin.Tout comme Jackie, il doit y avoir des origines anglaises dans l'attribution de ce prénom (la traduction de Jeanne d'Arc en anglais étant Joan of Arc par exemple) 
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JORDANE : Prénom assez rare dont l'apparition remonte aux années 80. Auparavant plutôt donné à des garçons, il y a désormais 4 fois plus de filles que de garçons qui portent ce prénom (probablement que les garçons sont nommés Jordan sans le E final)

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NOA: Un énorme merci a tous les Noa garçons (et les quelques Noa fille) parce qu'on obtient une magnifique courbe bien lisse.


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YANNICK : On finit avec un prénom étonnant, Yannick. Évidemment prénom masculin. Je dis "évidemment", mais dans les années 50 il n'y avait que 4 fois plus de garçons que de filles qui portaient ce prénom. Depuis les années 1990, ce rapport est passé a 50 pour 1.
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